Client ou patient ?

Le client : l’idée reçue

De prime abord, dans un contexte médical ou paramédical, le terme « client » est souvent connoté péjorativement, et nous fait immédiatement penser à une transaction commerciale, à l’achat d’un bien. Cela semble bien éloigné des valeurs supposées d’un thérapeute… Le terme fait en tout cas souvent réagir et interroge.

Étymologiquement, le mot latin cliens signifie « serviteur » : c’est un homme libre, qui se place volontairement sous la protection d’un patron plus puissant et bienfaiteur… Pas de transaction commerciale ici, mais cela suggère dans notre contexte l’idée d’autorité du thérapeute, de son ascendance sur son client. Encore une fois, il n’en est rien !

En pratique

Dans un cabinet de psychologie, le client (au-delà du fait qu’il paye un thérapeute en échange de son service), n’est (heureusement !) pas au cœur d’une transaction commerciale, mais bel et bien au cœur du changement qu’il a décidé d’initier dans sa vie, et ce avec l’aide d’un professionnel de la psychologie.

En effet, le mot, initié par Carl Rogers dans les années 1960, a un sens différent en anglais : il évoque la notion de partenariat. Dans une démarche humaniste, centrée sur la personne, le client est actif et surtout, il n’est pas malade. Le terme est ainsi utilisé sciemment en ce qu’il renvoie à une personne active dans la résolution de ses problèmes, qui se prend en charge et est « actrice » de son changement. A contrario, la notion de patient fait plutôt référence ici à la passivité d’une personne qui se laisse prendre en charge par une équipe médicale.

Pour aller plus loin: l’approche centrée sur la personne.

Qu’est-ce qu’un patient ?

Le mot patient renvoie dans le Code de Déontologie Médicale, à une personne malade, recevant des soins médicaux et usagère d’un système de santé. Étymologiquement, le mot latin patior signifie à la fois « souffrance » et « attendre ». Le mot patiens, quant à lui, désigne celui « qui souffre, qui endure ». D’ailleurs, en anglais, le nom patient signifie littéralement… malade.

Les psychologues ne sont pas reconnus légalement comme des professionnels de santé, néanmoins ils sont professionnels de la santé mentale. En cela, ils sont évidemment habilités à recevoir des patients. Même si tous leurs patients ne sont pas malades stricto sensu, ils sont amenés à prendre en charge, en libéral ou en institution, des malades atteints de pathologies mentales (psychose, schizophrénie, dépression…). Dans les faits, la plupart de leur patientèle en libéral n’est absolument pas « malade », simplement en souffrance à un instant T de leur vie.

En 2012, le Code de Déontologie des psychologues réactualisé fait apparaître pour la première fois le terme « client », même si la très grande majorité des psychologues utilisent toujours, par habitude, le terme « patient ».

Et le psychopraticien, dans tout ça ?

Le psychopraticien, dont la profession est non-réglementée, ne peut prétendre à recevoir des patients, terme à connotation médicale et associé aux professionnels de la santé ou de la santé mentale. Il reçoit donc exclusivement des clients : des personnes en souffrance psychique ou en difficulté à une période de leur vie, mais qui ne sont pas atteints de troubles psychiques au sens strict du terme. Cependant, il arrive fréquemment que le terme patient soit utilisé, plus courant pour le grand public que le terme de client.

Finalement, le plus important est surtout de ne pas outrepasser le champ de ses compétences, que l’on utilise le terme patient ou client !