Honte ou culpabilité ?

Quelle différence entre la culpabilité et la honte, terme qu’on utilise parfois sans en connaître le sens profond ?

La honte et la culpabilité sont des états internes, des mélanges d’émotions complexes, « morales ». C’est une perte d’élan vital qu’il ne faut pas ignorer, car souvent, honte et culpabilité provoquent des troubles d’ordre psychiques.

Les deux sont issues de nos conditionnements culturels (sociétaux et familiaux) : face à une situation ou un comportement, nous ne réagissons pas tous avec la même intensité.

La honte

La honte, c’est avoir le sentiment d’un écart entre un soi idéal et le soi perçu (réel donc). On a  toujours « honte de soi » (avoir honte pour quelqu’un, c’est plus un malaise ou de l’empathie). C’est un mélange d’émotions : tristesse, peur, mais aussi de sentiments : impuissance, désespoir.

La honte est très « automatique » et incontrôlable, en lien avec un sentiment d’infériorité, d’indignité, parfois même de dégoût de soi, tout cela en lien avec le regard de l’autre.

Cet état interne peut être utile, puisqu’il permet de réguler nos relations avec les autres et notre comportement en société : il rappelle les limites à ne pas franchir pour rester intégré (en famille, au travail, en société…). La  honte permet de ne pas commettre d’actes « antisociaux » ou répréhensibles (exemples : le mensonge, le vol, la médisance…) et permet ainsi d’anticiper le danger et le rejet.

La honte devient anormale lorsqu’elle exclue, lorsqu’elle paralyse, au même titre qu’une peur deviendrait une phobie. Avoir honte de son corps, de sa sexualité, de son statut, d’un handicap… revient à s’isoler, ce qui nourrit généralement toujours plus cette honte.

La culpabilité

La culpabilité est au contraire purement « psychique » : c’est une pensée, un jugement que nous portons sur ce que nous avons fait, ou omis de faire, ou pensons : c’est souvent un jugement très sévère, voire disproportionné. C’est comme si deux personnes luttaient en nous : celle qui a agi et celle qui vérifie que l’acte est accordé à nos valeurs. Nos aspirations, nos convictions, nos buts, ne sont plus alignés avec nos actes. Bien sûr, ces pensées font naître des émotions désagréables en nous !

La culpabilité est dite saine lorsqu’elle permet de rester accordé à des valeurs importantes pour nous (l’altruisme, la générosité…). C’est une sorte de « rappel à l’ordre ».

En revanche, elle est source de tension lorsqu’elle devient envahissante, qu’elle nous bloque dans le passé, nuit à notre estime de nous, nos projets ou encore nos relations. Elle interroge dans ce cas notre besoin de perfection, nos exigences parfois très élevées, notre difficulté à lâcher prise, notre incapacité à accepter ce qui se passe en nous.

Dans les deux cas, une honte ou une culpabilité trop intrusives méritent qu’on se penche dessus pour en connaître les origines…